17/10/2007

Un endroit pour s'enterrer

Bon.
Prenons une addition musicale. Vous savez, de celles qui donnent fréquemment aux journalistes rock et aux nerds du disque des érections éléphantesques.

Mais si.

De celles qui poussent systématiquement le non-averti à conclure ses réactions, quelles qu'elles soient, d'un point d'interrogation au désarroi flagrant.
Mais si.
BREF. Prenons, disais-je, une addition musicale. Faisons là comme suit. Posons tout d'abord un univers mélodique prêtant assez peu à la gaudriole. Genre Joy Division, pour citer l'un de ses plus joyeux exemples.

Ajoutons lui des sonorités saturées telles qu'affectionnaient jadis deux des groupes les plus brillants de ces vingt dernières années, My Bloody Valentine et Jesus & Mary Chain. En clair : des nappes de guitares farouchement épaisses et une batterie cradingue donc géniale.

Derrière le "+" suivant, on trouvera une basse digne du Simon Gallup des meilleurs jours, un clavier façon "Japanese Whispers", bref, quelque chose de The Cure.

Vient ensuite une voix difficile à cerner car lointaine, comme par hasard. Arbitrairement, on décidera qu'elle doit énormément à l'ensemble des groupes susnommés.

Une fois ces éléments ajoutés, multiplions le résultat par le potentiel de coolitude de New-York, dramatiquement élevé, même depuis que : 1) l'on y jette des avions dans des tours; 2) Sonic Youth est parti vivre à la CAMPAGNE; 3) Lou Reed est en état de mort artistique (qui a dit "longtemps donc" ?).

Cette pénible succession de calculs terminée, on obtient naturellement un résultat. Ce dernier s'appelle "A place to bury strangers"*. Outre ce nom presque digne de rivaliser - dans les catégories "longueur" et "OPTIMISME PATENT" - avec les Texans de "And you will know us by the trail of dead", le groupe new-yorkais correspond à la description ci-dessus, malicieusement camouflée en opération mathématique, sauras-tu la retrouver ?
BREF, derechef. Egarement mis à part, il apparaît nécessaire d'intimer içi l'ordre à quiconque ayant survecu à la lecture de ces lignes - voire, encore pire, à l'écoute de tous ces artistes - de se ruer acquérir le premier album de ces jeunes gens. Non seulement l'heureux propriétaire de cette petite merveille pourra se targuer d'avoir été l'un des premiers, mais il aura également trouvé un nouveau support pour de superbes fêtes dionysiaques, de gris après-midis de novembre ou des barbecues entre amis en plein mois d'août, il fait comme il veut.

Si rien de ce qui a été dit précedemment ne vous évoque quoi que ce soit, mais que vous avez tout de même atteint ces lignes et qu'il vous reste une once de patience mêlée de curiosité, pas de crainte. Imprimez cette note et confiez là aux mains expertes du disquaire indépendant le plus proche de chez vous. Il sera très heureux. Gageons qu'à l'écoute des surprenants et décisifs "Missing You", "The Falling Sun" ou autre "She Dies", vous ne respirerez pas forcément la joie de vivre. Mais vous aurez fait une bonne action musicale. Libre à vous de vomir par la suite votre haine de ce groupe qui réussit l'exploit d'être environ vingt fois plus déprimant qu'Interpol.
Mais si vous faites ça, alors je ne réponds plus de rien.

* Pour les non-anglophones, les nuls en thème, les feignants et les électeurs de Philippe de Villiers, cela signifie : "Un endroit pour enterrer des étrangers". Non, ce n'est pas une propostion de loi de Thierry Mariani.

3 commentaires:

The ultimate ginger ninja a dit…

Ben, bravo. Et Freud, dans tout ça ?

ibrendan a dit…

Putain enfin un blog à lire.

dignan a dit…

tkt, merci pour avoir inséré du capital.


mais j'allais t'envoyer un sms. (mais maintenant tu l'auras pas du coup).